Zalina profita de son passage à La Rochelle pour se rendre à Royan. Elle savait qu’il n’y serait pas mais il lui manquait tellement. Il était repartit chez les moines depuis à peine une semaine… il lui semblait que cela faisait une éternité.
Avant de passer à la plage, elle s’arrêta à la Chapelle.
Elle entra, se signa et alluma un cierge pour le repos de son Maistre d’Armes, de son ami et professeur. Rassaln aussi lui manquait. Laissant ses larmes couler encore une fois, elle se remémora les moments passés avec le Taureau Furieux. Il s’était occupé d’elle dès son arrivée à la Forteresse de Ryes. Le Pair lui avait apprit comment se défendre, comment reconnaitre les différentes armes, bien s’occuper des chevaux, nettoyer les stalles… Il avait encore tellement à lui apprendre.
Il avait été le premier à la considérer, un peu près, comme les autres écuyers, malgré son âge et son sexe. Rassaln lui avait confié les écuries et la construction du Haras. Ce Haras qui devra fournir aux Cavaliers et Chevaliers de l’Ordre les meilleures montures possibles. « Quoi de mieux que des chevaux Licorneux pour des Chevaliers Licorneux » comme disait le Maistre d’Armes.
La jeune fille resta agenouillée devant le cierge presque une heure avant de se relever, ne sentant plus ses genoux. Elle finit par se signer de nouveau, essuya ses larmes du revers de sa manche et sortit.
Une fois sur le parvis de la Chapelle, elle s’arrêta, aveuglée par la lumière de cette fin d’après midi. Elle attendit quelques instants, laissant à ses yeux le temps de s’habituer à la subite luminosité qui était moins forte dans l’édifice. Le soleil commençait déjà sa descente vers la plage. Elle le suivit et s’installa sur le rocher, toujours ce même rocher.
Assise, elle enfouit son menton dans ses genoux et fixa la mer, toujours le regard vide et les yeux rouges d’avoir trop pleurés. L’air était encore chaud mais la jeune fille frissonna. Il lui manquait cette chaleur qu’y vient du cœur. Cette douceur qui vous fait vous sentir en sécurité dans l’endroit le plus malfamé, sourire quand plus rien ne va, vivre quand tous disparaissent. Son étincelle s’était éteinte.
De nouvelles heures passèrent. Zalina soupira et regarda sans le voir le soleil se coucher. Ce même coucher de soleil avait été si beau dans les bras d’Aragos. Ce soir, il lui paraissait fade et sans intérêt, comme tout le reste. Bientôt la nuit plongerait tout dans l’obscurité, il ne resterait que les étoiles et la lune. Peut être la jeune fille verrait elle sa mère parmi elles.
Une douleur à sa blessure la sortit de ses sombres pensées. Elle pesta contre ses trois abrutis de brigands qui n’avaient même pas été capables de la tuer correctement, ne lui infligeant qu’une cicatrice sur le flanc gauche. Sa toute première cicatrice physique. Voilà qui la changeait des cicatrices du cœur qui ne guérissaient pas.
La jeune Errante se leva, fit quelques pas pour descendre sur la plage et s’y allongea. Elle chercha le visage de sa défunte mère parmi les étoiles puis, ne la voyant pas, ferma les yeux et s’endormie.