Petite visite

Zalina avait tournée et retournée dans son lit une bonne partie de la nuit sans parvenir à dormir. Lassée de ne trouver le sommeil, elle s'était levée, habillée en hâte et était sortie du domaine de Luçon encore endormi.
Son maitre lui avait apprit que la marche permettait de réfléchir. La jeune fille marcha donc droit devant en espérant trouver une solution. Seulement accompagnée d'un bâton trouvé en chemin et de son vieux mantel, elle chemina ainsi toute la nuit sans s'en apercevoir. Au petit matin, elle arriva devant la chapelle de Pontaillac.

Petite visite Chapelledepontaillacroypn2

Impressionnée par l'Architecture et la taille de l'Edifice, la jeune fille y entra. Elle s'assit dans un coin et pria toute la matinée, suppliant Aristote et tous les saints qu'elle connaissait de ramener la paix en Poitou et sauver l'oncle de son ami.

Maman, qu'est ce que je peux faire ? Aide nous, je t'en prie.

Epuisée et perdue, Zaza ne put retenir un flot de larmes. Machinalement, elle effleura son pendentif de jade. Elle le prit dans sa main et le regarda attentivement.

Que je suis bête, maman n'est pas Aristocienne. Ce n'est pas ici qu'elle va me répondre.

La jeune fille essuya ses larmes et se releva. Elle sortit de la Chapelle et continua à marcher droit devant elle, jusqu'à la mer. Ne pouvant aller plus loin, elle s'assit sur un rocher et regarda les vagues.

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Aragos était redescendu dans son domaine. La tristesse, la haine, la rancoeur monopolisaient ses pensées. Jamais il ne fut si annéanti.

Sur la plage de Royan, son domaine _pour combien de temps encore?_ il vint se promener et chercher réconfort. L'océan. Son confident. Comme il l'aimait. Que de souvenirs partagés.

Elle était là. Pourquoi? Le hasard? Sa soeur. Sa soeur de coeur. Sa Grande Soeur. Zalina. Assise sur un rocher. Il ne s'attendait pas à la voir ici. Machinalement il toucha son pendentif. Avait il de réels pouvoirs?..

_Coucou Zaza...Qu'est ce qui t'ammène ici? Tu es loin e chez toi!

Les deux jeunes amis restent silencieux un moment. Puis Aragos se rapproche d'elle.

_Tu sais...c'est tellement dûr...Je ne sais que faire. Je ne veux pas vous décevoir...Toi, Naelle, ma mère, ma marraine...

Aragos réprime difficilement un sanglot

_Mais ma vie durant je n'ai fait que décevoir... J'ai fait souffrir les personnes qui m'ont aimé. Et aujourd'hui je décide de suivre un chemin qui vous fera souffrir encore.
Je t'aime Zalina. Peut être pas de l'amour que tu souhaites, mais d'un amour fort, profond et sincère. Je vais devoir faire des choses que tu n'approuveras pas. J'aurai besoin de toi. J'aurai besoin que tu sois là, pour les gens que j'aime, pour Naelle. Tu sais, je l'aime plus que tout! Et je crois qu'elle m'aime aussi. Et je vais la décevoir elle aussi...Il faudra que tu sois là pour elle. Vous êtes les persones qui comptez le plus pour moi...

Aragos fixe l'horizon. Ses yeux sont emplis de larmes. La peur et la détresse se lisent sur son visage.

Zalina essuya ses larmes en entendant arriver son ami. Elle regarda Aragos sans rien dire. Elle n'avait fait que parler ces derniers temps et cela n'avait servit à rien.
Loin de chez elle... la jeune fille n'avait jamais pensé avoir un "chez elle".

Elle écouta son ami en silence. Sa peine lui brisa le coeur et ses paroles lui glacèrent le sang. Aragos savait tout d'elle, elle lui avait confié son coeur et tous ses secrets. Elle aurait donné sa vie pour lui mais cela ne suffirait pas. Elle savait au fond d'elle qu'elle l'avait perdu. Elle avait tellement perdue depuis ces derniers jours.
Elle retient ses larmes une fois de plus et, sans quitter la mer des yeux, lui répondit d'une voix calme.

C'est dur pour tout le monde, Aragos. Même si tu ne le sais pas, beaucoup de personnes tiennent énormément à toi et tu leur donnes la force de continuer. Nous avons tous besoin de toi. Si tu abandonnes, nous perdrons plus qu'un ami, un frère, un fils, un filleul ou un Amour.

Tu m'as souvent dit que tu m'avais déçu ou fais souffrir, c'est faux. Tu es assez grand pour faire ce que tu veux et je respect tes décisions. Quoi que tu fasses, je ferai ce que j'ai à faire. Je t'ai fait de nombreuses promesses et je suis bien décidée à toutes les tenir... y compris la dernière.

Une larme coula le long de sa joue.

Tu penses faire souffrir les personnes qui t'ont aimés ? Moi je les tue. Si tu arrêtes de te battre, pourquoi je continuerai ? J'ai perdu beaucoup trop d'amis et je viens de perdre encore un cousin. Je suis fatiguée d'enterrer les personnes que j'aime.
Je ne peux rien pour Naëlle, ni pour ta mère ou m'dame Lady. C'est de toi dont elles ont besoin. Pas de moi. Ne compte pas sur moi.

La vue de Zalina se brouilla. Les poings serrés, elle fixa la mer.

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Il continue de fixer l'horizon. Le soleil est partiellement masqué par d'épais nuages gris-blanc qui semblent se diriger à toute allure vers les terres. La nuit sera pluvieuse. Les deux alis ne parlent plus et seul le bruit des vagues et du vent s'engouffrant dans les rochers rompt le silence.

Aragos se tourne finalement vers Zalina.

_Une fois de plus c'est toi qui a raison. Je suis le seul à pouvoir faire quelquechose. Mais c'est au delà de mes forces. Je ne pourrai accorder mon pardon. Si mon oncle meurt, la vengeance sera mon seul cheval de bataille.

Je sais, Aragos.

Zalina baissa la tête et soupira. Elle aimerait tellement avoir tort, que tout s'arrange comme par miracle, ou remonter le temps et tout changer. Mais elle ne pouvait rien faire.
Elle garda le silence quelques secondes puis continua, le regard toujours fixé sur le va et vient des vagues.

Je t'ai beaucoup demandé, et je m'en excuse. Je n'en avais pas le droit. Il y a pourtant une dernière chose que je voudrais que tu fasses pour moi.

La jeune fille marqua une pause et se tourna son regard vide vers son ami.

Emmènes moi avec toi. Je ne ferai rien pour t'empêcher de faire ce que tu désires faire. Tu as ma parole. Je veux juste être avec mon Grand Frère.

Devant le silence de son Grand Frère, Zalina soupira. Elle s'approcha d'Aragos et se blottit contre lui. Même si ce devait être la dernière fois qu'ils se voyaient avant de se retrouver face à face sur un champ de bataille, elle avait besoin de se sentir réconfortée, ne serait ce que quelques minutes.
La jeune fille serra son ami plusieurs minutes, laissant couler ses larmes en silence. Puis elle recula d'un pas.

Moi aussi je vais faire des choix qui en décevront sûrement beaucoup. Mais nous devons tous choisir notre camp.
Quoi qu'il arrive, je serai toujours là pour toi. N’hésite pas à me contacter si tu as besoin.

Zalina se mit sur la pointe des pieds pour déposer une bise sur la joue d'Aragos. Puis elle repartit sur la route de Thouars, en espérant que la guerre ne serait pas déclarée.

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis le dernier passage de Zalina à Royan. En apprenant que les négociations avaient échoué, la jeune femme se sentit désemparée. Elle espérait trouver un peu de réconfort sur les terres de son frère. Pour être honnête, elle espérait surtout le trouver lui. Mais la plage était déserte.

Totalement désespérée et perdue, Zalina s'assit sur un rocher, le même que lors de sa dernière visite, et regarda la mer, laissant couler ses larmes. Elle aurait tellement aimé pouvoir aller le protéger, tous les garder en vie... ses amis, sa famille... il y avait tant de personnes qu'elle aimait à Angers ou en route pour la capitale. Elle était réduite à attendre que la guerre se termine pour aller creuser des tombes.
Comment pourrait-elle survivre sans son frère ? Rencontrer Dame Fleurette sans Messire Toucoul ? Lui qui comptait tant lui compter Fleurette... Sans pouvoir embêter Finam, sans les conseils de tantine Smart ? Sans sa famille ? Sans son Tontof ?
Zalina refusait d'envisager sa vie sans eux. Elle se mit à genoux et adressa une prière pour ses amis.

Elle se releva, essuya ses yeux du revers de sa manche et repartit au Château. La Comtesse avait besoin d'elle et elle devait défendre le Poitou.

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La guerre était sur le point de se terminer. Aragos avait décidé de rentrer. Beaucoup de choses avaient et allaient changer. Il devrait répondre de ses actes. Cette épreuve serait surement difficile mais il était résoluà l'affronter.

Ayant chevauché toute la nuit, il se rendit à Royan. Sans passer par le château, il gagna directement l'océan. La marée était basse. Il s'assit sur un rocher et resta là, un long moment. Il se remémorait de nombreuses choses. Quand ça avait commencé...Le GFC, les tavernes de Saumur et de Thouars, leur correspondance, ces instants ici même avant le départ... Finalement, ça avait toujours été là, caché au fond de lui.

Aragos sourit et regarde l'océan progressivement mais irrésistiblement gagner du terrain. Cette image l'amuse et lui plait. Il savoure le moment, se disant qu'il pourrait tout perdre du jour au lendemain. A cette pensée, son visage se ferme. Il baisse les yeux et se laisse bercer par le bruit des vagues s'écrasant sur le sable, continuant à gagner du terrain...

Les dossiers à traiter ne manquaient pas et Zalina en était heureuse. Elle était épuisée mais était trop occupée pour s'apitoyer sur son sort alors que tant d'autres risquaient leur vie à chaque instant pour défendre leurs idéaux. Elle venait enfin de terminer le dossier des Flandres quand la nouvelle tomba : tous les soldats étrangers devaient quitter l'Anjou.
Zalina se sentit de nouveau pleine d'espoir. Si tout le monde rentrait... peut-être que... lui aussi...
La jeune femme fit seller un cheval et galopa jusqu'à Royan.

Elle arriva juste avant le coucher du soleil. Elle attacha sa monture, à moitié morte de fatigue, à la branche basse d'un vieux chêne puis continua à pied, le cœur battant.
En arrivant à la plage, Zaza reconnut aussitôt la silhouette sur le rocher. Esquissant un large sourire, elle s'approcha derrière lui sans bruit et lui cacha les yeux.

Bonsoir Messire.
On vient prendre un petit bain de minuit ?

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Aragos avait sombré dans un semi sommeil, perdu entre ses pensées et ses rêves. Les vagues venaient maintenant caresser les premiers rochers. Il ne l'entendit pas approcher et sursauta lorsque deux mains se posèrent sur son visage.

Immédiatement rappelé à la réalité par cette voix qui lui avait tant manqué, Aragos se dressa sur ses deux jambes, presuqe trop rapidement puisqu'il faillit perdre l'équilibre, se retourna et fit face à son amie. Souriant jusqu'aux oreilles, il la prit dans ses bras.

_Zaza! C'est si bon de te revoir! Tu m'as tellement manqué...

Zalina se blottit contre Aragos, le serrant aussi fort qu'elle le pouvait.

Eh bé, je vois çà Grand Frère.
Ca fait fichtrement du bien de te revoir. Tu m'as énormément manqué toi aussi.

La jeune femme se dégagea, presque à contre cœur, et regarda son ami des pieds à la tête.

Fais voir un peu... Pas de blessure ? Aucune égratignure ?
Est ce que tu es blessé quelque part ?

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Aragos la regarde en riant.

_Et oui! Tu vois? A croire que je suis plus parti en vacances qu'en guerre!

Machinalement, il porte la main à son médaillon.

_Et je crois savoir pourquoi j'ai été épargné!

Aragos détaille son amie de haut en bas.

_Tu as changé! Tu es...magnifique!
Je suis désolé de ne pas avoir pu assister à tes seize ans! Et puis tu es conseillère comtale! Et Ambassadrice en chef! Je savais que tu étais promise à de grandes choses! Et ce n'est qu'un début!Tu dois en avoir des choses à me raconter! Si le coeur t'en dit, on peut rester dans mon "château" -Aragos montre les rochers surplombant l'océan haut et majestueux- afin de discuter de tout ça! Une telle invitation ne se refuse pas trés chère!!

Rassurée sur la santé de son ami, Zalina sourit. Elle avait de si nombreuses fois cauchemardé sur sa mort. Il allait bien et était de retour... enfin.

Si c'est bien lui qui t'a protégé, ne le quitte pas... jamais.
Je suis désolée de ne pas te l'avoir offert assez tôt pour t'éviter toute les blessures.

Zalina effleura la cicatrice dans le cou d'Aragos. Son regard s'assombrit. Elle n'avait pas sut être là pour le protéger. Elle l'avait abandonnée pour rien puisqu'elle n'était non plus à la hauteur pour devenir Chevalier.
La jeune fille soupira pour chasser tous ses doutes de son esprit. Aragos était de retour et entier, c'était la seule chose qui comptait. Elle se laissa admirer en baissant la tête, de plus en plus rouge.

Mmm, je suis devenue beaucoup de chose, pour ne plus rien faire correctement. Je suis plus douée pour les petites choses.
Pour les seize ans, tu n'as pas raté grand chose. Faire la fête sans toi, ce n'est pas drôle du tout. Mais maintenant que tu es là, je vais pouvoir t'embêter... Un mois de pinçage de nez et de tirage d'oreilles, sans oublier les intérêts, çà en fait combien ?

Les yeux de la jeune fille se remirent à briller à la perspective de pouvoir de nouveau se chamailler avec son ami. Il lui avait tellement manqué. Elle ignorait comment lui dire autrement qu'en le taquinant.
Elle se redressa et prit des airs de Grande Dame avant de reprendre.

Si c'est une invitation qui ne se refuse pas, Messire, je ne puis refuser. Je ne voudrai nullement vous faire cet affront.
Mais c'est vous qui faites la conversation. Le Poitou n'a pas changé en votre absence et je dois savoir tout ce qui se passe en Anjou.

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Aragos réprime un sourire. Il se dit que finalement, Zalina n'a pas beaucoup à se forcer pour jouer les Grandes Dames et que cela ne lui va pas si mal après tout. Il lui tend son bras et l'entraîne vers un gros rocher bien plat et confortable

_Je vous en prie Damoiselle, mettez-vous à votre aise, vous êtes ici chez vous.

Il a de plus en plus de mal à contenir son envie de rire et finit par exploser. Il s'assoit à côté d'elle.

_Te parler de l'Anjou... Il pousse un profond soupir. Je n'y ai rien vu de bon. La guerre n'a rien de bon, quel que soit le camp dans lequel on se trouve. Angers a été ravagé. Je ne crois pas que le Duc Juju soit mauvais, mais il s'est montré maladroit. Je n'avais plus ma place là bas. C'est maintenant à eux de régler leurs affaires. puis il y a les Bretons...Je n'ai qu'une confiance limitée entre eux... A vrai dire je n'ai pas du tout confiance en eux... Et à Saumur j'ai du me battre, contre des Poitevins... Par chance, ma lame n'a jamais donné la mort. Je ne reste pas moins convaincu que ma cause était juste. Mais c'est difficile de se retrouver face à ses amis, ou du moins ceux qui ne sont pas tes ennemis.

Il reste un moment silencieux, fixant l'horizon.

_Puis maintenant, je vais devoir répondre de mes actes ici au Poitou. Je profite au maximum de Royan. Quelquechose me dit que je vais devoir encore quitter le Comté...contre mon gré cette fois...Et ça me fait mal rien que d'y penser...

Il soupire à nouveau puis se tourne vers Zalina en souriant. Il lui pince la joue

_Bon!! Et toi petite fille devenue grande! Tu es sure que tu n'as rien à me raconter? Pas de bêtises? Pas de fiancé? Rien de nouveau?

De façon anodine il a posé ces questions, mais il y en a une dont il attend plus particulièrement la réponse...Il espère que son ton était suffisament désinvolte pour qu'elle ne s'en rende pas compte.

Zalina prend le bras de son ami et se laisse conduire en prenant soin de caricaturer la démarche d’une Dame de la Haute société. Arrivée sur le rocher, elle s’assit confortablement, espérant y passer la nuit ou au moins jusqu’au couché du soleil.

Merci Mon Seigneur. Vous avez un magnifique « château ». Il faudra que vous me donniez le nom de votre décorateur d’intérieur. Il fait des merveilles.

La jeune fille rit avec son ami puis reprit son sérieux. Elle écouta Aragos ou plutôt le son de sa voix. Elle savait déjà tout ce qu’il lui racontait, que ce soit par les rapports qu’elle avait lu ou les missives d’Aragos. Mais elle était si heureuse de pouvoir entendre de nouveau la mélodie de sa voix.
Zaza avait toujours admiré la droiture de son ami. Elle savait qu’il risquait d’être banni d’un jour à l’autre et espérait que ce serait dans le plus longtemps possible. Elle venait juste de le retrouver et ne voulait pas encore le laisser partir sans elle.

Elle poussa un petit cri et fusilla Aragos du regard lorsqu’il lui pinça la joue, juste pour le principe. Elle aime bien quand il la taquine. Au fond, l’époque de leur rencontre lui manque. Elle détestait être petite mais tout était plus simple à l’époque du GFC.

Je ne suis pas douée pour raconter les histoires. Et puis l’histoire du Poitou, tu la connais déjà. Je suis sure que tu n’as rien perdu de ce qui c’est passé dans le Comté pendant ton absence.
Des bêtises… laisses moi réfléchir une seconde… non, je ne crois pas en avoir faite. Mais je ne suis pas certaine, tu me connais, c’est un réflexe.
Bref, rien de nouveau. Je suis toujours au Conseil Comtal, toujours Ambassadrice, et toujours pas membre de la Licorne.

Zalina attendit un seconde avant de répondre à la dernière question. Elle regarda Aragos et le plus sérieusement du monde, finit par reprendre.

Ah ba si, j’ai plein de fiancés moi. J’en ai un dans le Périgord, un en Artois, un en Franche Comté aussi… oh et un dans le Languedoc… Ca fait quatre, il m’en manque un… Ah oui, celui de Normandie, je l’oublie tout le temps celui là.
D’ailleurs si tu pouvais te libérer pour mes mariages. La semaine prochaine avec le Vicomte en Franche Comté, dans trois semaines avec le Comte en Languedoc et le mois prochain avec le Baron en Artois. Je ne peux pas me marier sans que tu sois là.

Zalina haussa les épaules, étonnée qu’Aragos pense qu’elle puisse intéresser un homme.
Puisqu’il avait abordé le sujet des fiançailles, elle en profita pour prendre des nouvelles de ses amours. Elle tenta d’afficher un sourire convainquant.

Et toi, c’est pour quand le mariage ?

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Aragos écoute attentivement Zalina. C'est vrai qu'il a suivi tous les évènements du Poitou, même du haut des remparts d'Angers et de Saumur. Mais c'est si bon de pouvoir en parler de vive voix avec elle!
Il fait une moue dubitative lorsqu'elle parle des Chevaliers de la Licorne.

_Tu n'es toujours pas chevalière?? Mais sont ils sots dans cette ordre pour ne pas reconnaitre tes talents! Allez!! Ne désespère pas! Un jour tu pourras arborer fièrement leur bannière. En attendant, cela n'enlève rien à l'admiration que j'ai pour toi.

Aragos essaie de lui faire un sourire qui se veut chaleureux et réconfortant. Puis il écoute mi amusé, mi inquiet sa tirade sur ses "fiancés". Il sourit aigrement...Est elle ironique? Il ne serait pas étonnant qu'une jeune fille comme Zalina fasse tourner la tête à de nombreux hommes, il est bien placé pour le savoir...Mais il comprend que la jeune fille plaisante quand elle évoque ses futurs mariages.

_Tu vas avoir un emploi du temps trés chargé dis donc! Honnêtement, je ne crois pas que je pourrai me libérer! En plus pour te voir batifoler avec des Comtes Vicomtes et Barons...Non non, vraiment ça ne m'intéresse pas!!

Le jeune homme rit mais s'arrête net quand Zalina lui retourne sa question.

_Mon mariage...Ce n'est...Enfin...Je crois que ce n'est pas d'actualité...Encore faudrait il que...

Aragos bafouille. Ca lui arrive rarement de perdre pied comme cela. Il s'en rend compte ce qui contribue à l'énerver davantage.

Il respire un bon coup, ferme les yeux puis reprend plus calmement.

_Je crois que le jour de mon mariage est loin d'être arrivé...

Il regarde longuement Zalina, avec un petit sourire. Il s'apprête à dire quelquechose, ouvre la bouche... mais aucun son ne sort. Il la regarde encore en silence. Il lui semble qu'elle est amusée, ou intriguée par sa gêne. Alors il finit par lui dire simplement.

_En tout cas, quand ce jour viendra, j'espère que tu seras aux toutes premières loges...

Zalina rit en entendant Aragos parler des Chevaliers.

Oh si, je te rassure. Ils ont parfaitement connaissance de mes « talents », je n’en fais pas profiter que le Poitou. Au sein de la Forteresse, je suis la « gamine à qui il faut distribuer des fessées ». Et ils sont doués pour çà…

Zalina grimaça en se remémorant la raclée que Phil lui avait donné quelques jours auparavant. Elle était pourtant sure d’arriver à battre un écuyer après sa victoire contre l’un des Lieutenants Commandeur. Elle s’était lamentablement prit un 8 touches à 0.
Devant le sourire d’Aragos, elle ne put se retenir et déposa une bise sur la joue de son ami. Il avait toujours trouvé les mots pour la pousser à continuer, même à plusieurs semaines de marche de distance.

La jeune fille leva un sourcil en écoutant Aragos bafouiller. Elle n’avait pourtant pas posé une question piège… enfin, elle ne pense pas. Il s’emblait gêner tout d’un coup. Zalina se douta qu’il lui cachait quelque chose mais n’osa pas l’interroger, préférant le laisser le choix de lui dire ou pas. Ce sont ses bafouillages qui l’avaient séduite il y a plusieurs années. Encore aujourd’hui, elle le trouvait si mignon lorsqu’il perdait pied. Ne voulant pas laisser son ami s’enfoncer de trop, elle lui sourit gentiment.

Si je suis invitée et libre le jour de ton mariage, ce sera avec plaisir que je m’installerai au premier rang.

Zalina se souvent soudain qu’elle avait refusé d’assister au mariage d’Aragos avec Bloody. Gênée, elle se mit à bafouiller à son tour.

Enfin… euh … si si je… euh… si je suis disponible…

La jeune fille détourna les yeux en cherchant un autre sujet de conversation qui ne les mettrait pas mal à l’aise. Il lui fallut plusieurs secondes pour trouver.
Elle se retourna vers Aragos en souriant.

A ton avis, l’eau est chaude ?

A peine les mots prononcés, elle se demanda si ce sujet de conversation était une bonne idée….

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Aragos reconnait bien là son amie. Il réprime un sourire puis fronce les sourcils et regarde gravement Zalina.

_Si l'eau est chaude? En cette saison, permets-moi d'en douter. Mais à vrai dire l'idée d'y faire trempette ne m'avait pas encore effleuré l'esprit. En fait, le seul moyen de répondre à ta question est de se jeter à l'eau! Mais là, ne compte pas sur moi! Si tu as envie de faire quelques brasses, libre à toi, je vais tranquillement t'attendre sur ce rocher et savourer le beau coucher de soleil qui se prépare.

Il se retient encore de rire. Il ne peut s'empêcher d'être de bonne humeur en sa présence. Au fond, il est toujours l'enfant d'il y a quelques années.

_Je serais toi, j'en profiterais maintenant! La marée est haute mais commence à redescendre! Tu sais l'océan ne va pas t'attendre! Ce serait dommage de devoir aller le chercher à plusieurs centaines de mètres!

Zalina fut étonnée, presque déçue. Elle n'avait pas fini dans l'eau de force. Aragos avait grandit durant son absence. Mais la jeune fille refusait de perdre totalement son insouciance infantile. L'idée d'un petit bain avait fait son chemin dans son esprit. Zaza fit une moue, hésitant encore une seconde. Il restait encore quelques minutes avant le coucher du soleil. Elle n'avait pas de vêtements de rechange, elle ne pouvait pas se baigner avec ses affaires, l'eau n'était surement pas chaude et elle était frileuse... Finalement, elle se décida.
Elle jeta un regard à Aragos et enleva son mantel. Elle descendit du rocher, trouva un endroit d'où son ami ne pouvait la voir et enleva sa chemise, ses chausses et ses bas. Une fois cela fait, elle courut dans l'eau et plongea.

Après quelques secondes, son teint vira bleu et elle tremblait de froid. Elle ressortit et renfila ses affaires avant de remonter sur le rocher.

Tu...tu as ... raison... elle... est... frfrfroide.

Trop frigorifiée pour en dire plus, elle lança son mantel sur ses épaules et plongea le menton dans les genoux. Ainsi recroquevillée, elle espérait arrêter ses tremblements.

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Aragos assiste amusé à la scène! Il était certain que ses propos allaient pousser Zaza à se jeter à l'eau. Elle n'avait pas tant changer que ça finalement, et c'était trés bien ainsi.

Lorsqu'elle enlève son mantel, il croit qu'elle va se déshabiller devant lui! Trés surpris, il s'empourpre et s'apprête à se tourner, mais la jeune fille s'éloigne pour oter ses vêtements. Il sourit intérieurement se demandant comment il avait pu imaginer qu'elle allait se dévêtir devant lui. Il est tiré de sa réflexion par un grand PLOUF!!!! Elle l'avait fait! Elle avait plongé! Mais elle ne reste pas longtemps dans l'eau! Elle réapparait presque illico, déjà rabhillée, grelottante. Elle enfile rapidement son mantel et se recroqueville.

_Zaza tu es folle! Tu n'avais pas besoin de faire ça pour m'impressionner! C'est trés dangereux en plus!

Elle ne répond pas et continue de frissoner. Aragos enlève son mantel et lui pose sur les épaules. Il hésite un moment puis s'accroupit derrière elle, lui frotte le dos pour la réchauffer. Puis, il l'entoure timidement de ses bras, se collant à elle et pose sa tête sur son épaule.

_Tu es glacée ma pauvre. Une fois de plus tu as été beaucoup plus courageuse que moi... Même si là ça relevait plus de la folie que du courage!

Il glousse doucement, continuant à agiter ses main sur le haut des bras de Zaza. Celle si, la tête dans ses genoux ne réagit pas. Aragos lui relève ses cheveux trempés et dépose un petit baiser dans son cou puis lui glisse à l'oreille:

_Allez petite fille, tu vas attraper froid... Si tu veux, on peut rentrer au château, le vrai... Il est beaucoup moins bien à mon avis. Mais tu pourras t'y réchauffer.

Zalina hocha la tête. Son idée de bain de mer en mars était une folie mais si elle avait été raisonnable, cela se saurait.

Je… con..confirme… j’suis… folle et … sus… suicidaire mais … j’a… j’avais jamais essssssayé … le bain de mi…minuit. Test… ter en m… mars n’était … pas bonn…nne idée.

Zalina frissonnait toujours mais elle ne prêta attention qu’au frisson qui lui parcourut le bas du dos au contact d’Aragos. Elle était consciente qu’elle avait fait une bêtise et serait enrhumée le lendemain mais çà en valait la peine. Elle aurait été capable de nager dans une eau glacée jusqu’aux Flandres pour être serré ainsi contre lui. La jeune fille ferma les yeux et se laissa aller dans les bras de son ami.

Elle n’avait pas envie de rentrer. Mais Aragos avait raison, il fallait qu’elle se réchauffe. Elle soupira et rouvrit les yeux. Le soleil avait atteint la mer et commençait à disparaitre derrière l’horizon donnant des teintes rouges aux quelques nuages. Zaza tendit le doigt vers le spectacle magique qui se déroulait devant eux.

Regardes Aragos.

La jeune fille n’avait pas assisté à beaucoup de coucher de soleil mais était persuadé que celui-ci était le plus beau de tout le Royaume.

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Aragos regarde sans mot dire le soleil disparaitre progressivement derrière l'horizon, colorant l'Océan de teintes feu. A chaque fois la magie s'opère. Ce n'est pas la première fois qu'il assiste à ce spectacle, mais celui là a un gout plus savoureux que les autres.
Le temps semble s'écouler différemment. En un clin d'oeil, les couleurs chaleureuses virent au rose, au violacé et finissent par s'éteindre, laissant place à la froide obscurité. Un petit croissant de lune se reflète maintenant dans les vagues, pâle et tremblant, comme Zalina.

_Je ne me lasse pas de ce spectacle... Et c'est encore mieux de pouvoir le partager avec toi.

Il continue à frotter les bras de son amie qui grelotte encore.

_Je serais bien resté là toute la nuit, mais je vais être obligé d'insister. On doit rentrer. Je vais faire préparer une bonne soupe. Tu pourras te changer et te chauffer préès de la cheminée. Je m'en voudrais de te laisser attraper une mauvaise pneumonie!

Aragos se relève et tend ses mains à Zalina pour l'aider à en faire de même. Il ne peut s'empêcher de rire.

_Ben ma pauvre, dans quel état tu t'es mis!!

Il se tourne et fléchit légèrement ses jambes

_Grimpe sur mon dos! Je te ramène au plus vite! Puis je pourrai voir si tu as pris du poids depuis mon départ!

Zalina admire ce couché de soleil si spécial en profitant de chaque seconde. Elle veut graver dans sa mémoire chaque détail de cet instant.

Elle sort de son rêve lorsqu'Aragos se lève, la privant de sa chaleur. Elle soupire puis attrape les mains de son ami pour se relever. Elle baisse la tête, essayant de paraitre désolée mais elle ne regrette absolument pas de s'être jetée à l'eau et était prête à recommencer.
La jeune fille fut gênée par la demande du jeune homme. Elle n'était pas spécialement lourde mais approchait les 45 kilos quant même et ne voulait pas lui faire mal au dos. Elle hésita.

Merci Aragos... Tu es sure que... je tiens encore sur mes jambes tu sais. Et j'ai prit un cheval avant de partir de Poitiers. Il est attaché un peu plus loin.

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_Allé ne fais pas d'histoire! On n'est pas loin du Chateau! Regarde on le voit de là!

Devant les hésitations de Zalina, Aragos n'insiste pas...

_Bon trés bien, va pour ton cheval. Tu as qu'à partir devant au galop! Tu ne dois pas rester au froid comme ça! Je te rejoins en courrant!

Il la raccompagne jusqu'à sa monture et lui sourit. Avant qu'elle ne s'élance vers le château il reprend doucement la parole.

_Ce coucher de soleil avec toi.. Je ne pouvais rêver plus beau retour au Poitou! Merci...

Il lui adresse un sourire et, avant qu'elle ne puisse répondre, met une tape à l'arrière du cheval pour qu'il s'élance vers le château.

Zalina ne veut pas vexer son ami mais elle ne tient pas particulièrement non plus à le prendre pour un vulgaire cheval. Elle est heureuse qu’il renonce rapidement et se promet de lui sauter sur le dos pour l’embêter à la première occasion.
Ils rejoignent tous deux le bord de la plage. Zalina détache la monture et le monte.
Elle allait lui proposer de monter avec elle jusqu’au château mais Aragos en avait décidé autrement. Elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que déjà le cheval était au galop en direction de l’écurie. La jeune fille eut tout juste le réflexe d’attraper les rênes et une touffe de crinière pour éviter de tomber.
Zalina ne ralentit pas son cheval mais se promit de rouspéter Aragos dès qu’il arriverait au château. Elle ne voulait plus le laisser seul, jamais.